Si je n’ai pas l’amour

Si je n’ai pas l’amour

Est-il point plus central que le sujet de l’amour dans la chrétienté ? Le Christ lui-même a résumé la loi à ceci : aimer Dieu et son prochain. Mais en quoi consiste au juste cet amour ? Aimer au sens de sentiment positif, ou encore de zèle passionné ? Ne s’agit-il pas plus d’amour au sens spirituel ?

Il existe une définition absolument complète et magnifique de l’amour, nous la trouvons dans la lettre aux Corinthiens de l’apôtre Paul au chapitre treize. Est précédé de cette définition, un point absolument crucial sur la question de l’amour.

« Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas l’amour, je suis un airain qui résonne, ou une cymbale qui retentit. Et quand j’aurais le don de prophétie, la science de tous les mystères et toute la connaissance, quand j’aurais même toute la foi jusqu’à transporter des montagnes, si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien. Et quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des pauvres, quand je livrerais même mon corps pour être brûlé, si je n’ai pas l’amour, cela ne me sert de rien. »

1 Corinthiens 13-1-3

J’ai longtemps réfléchi à cette question, parce que dans nos sociétés, on démontre l’amour par des actions ou par des sentiments. Alors que dans l’exemple, il est question d’actions absolument incroyables, dont l’acte ultime du sacrifice de soi. Il est légitime de se dire que c’est là une preuve absolument totale d’abandon de soi, que de se sacrifier pour sa foi, on pourrait y voir une forme d’amour. Alors pourquoi, Paul dit que cela ne sert de rien ?

J’ai fini par comprendre la réponse à cette question.

L’amour c’est Christ. Sans Christ, aucune œuvre, action ou intention ne feront de nous des êtres justifiés devant la justice de Dieu.

Maria Magdalena Oosthuizen

Le justifié

C’est là tout le nœud de cette question. Parce que les œuvres nous font sentir juste. Mais rien de tout cela n’est la manifestion de l’amour au sens spirituel. Le véritable juste devant Dieu c’est celui qui l’est par Christ.

Cela me fait penser à l’exemple du pharisien et du publicain que nous pouvons lire dans l’évangile de Luc.

« Il dit encore cette parabole, en vue de certaines personnes se persuadant qu’elles étaient justes, et ne faisant aucun cas des autres: Deux hommes montèrent au temple pour prier; l’un était pharisien, et l’autre publicain. Le pharisien, debout, priait ainsi en lui-même: O Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont ravisseurs, injustes, adultères, ou même comme ce publicain; je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tous mes revenus. Le publicain, se tenant à distance, n’osait même pas lever les yeux au ciel; mais il se frappait la poitrine, en disant: O Dieu, sois apaisé envers moi, qui suis un pécheur. Je vous le dis, celui-ci descendit dans sa maison justifié, plutôt que l’autre. »

Luc 18:9-14

Se croire juste

Autre problématique avec le manque ou l’absence d’amour, c’est le justifié qui se croit juste. C’est vraiment ce qui est délicat dans la religiosité. Une personne qui se croit sauvée qui vient à entretenir un esprit de supériorité, de mépris et de jugements.

Personnellement, j’ai vécu cela. Sans le démontrer ouvertement car c’est un sentiment insidieux et je dirais même honteux. À mon avis, une forme d’orgueil spirituel. Qui se traduit par cette tendance qui cherche à enseigner ou plutôt redresser son prochain, alors que, plus souvent qu’autrement, c’est maladroit et rébarbatif.

Je n’entrerai pas dans un argumentaire sur la pertinence de l’exhortation entre frères/sœurs car pour moi ce n’est pas cela qu’il s’agit. Une véritable exhortation se fait dans l’amour lorsqu’elle est inspirée du Saint-Esprit. J’ajouterai simplement la mise en garde que la lettre aux Galates nous donne.

« Frères, si un homme vient à être surpris en quelque faute, vous qui êtes spirituels, redressez-le avec un esprit de douceur. Prends garde à toi-même, de peur que tu ne sois aussi tenté. »

Galates 6:1

C’est aussi pour cela que celui qui exhorte le fasse avec humilité, car l’orgueil est la porte de la chute.

La religiosité

Ne pas avoir l’amour c’est aussi cela. C’est hiérarchiser les pêchés ou encore mettre les lois et supposés devoirs du chrétien avant le bien de son prochain. Encore une fois, Jésus nous donne un exemple, cette fois dans Matthieu.

« Pourquoi tes disciples transgressent-ils la tradition des anciens? Car ils ne se lavent pas les mains, quand ils prennent leurs repas. Il leur répondit: Et vous, pourquoi transgressez-vous le commandement de Dieu au profit de votre tradition? Car Dieu a dit: Honore ton père et ta mère; […] Mais vous, vous dites: Celui qui dira à son père ou à sa mère: Ce dont j’aurais pu t’assister est une offrande à Dieu, n’est pas tenu d’honorer son père ou sa mère. Vous annulez ainsi la parole de Dieu au profit de votre tradition. Hypocrites, Esaïe a bien prophétisé sur vous, quand il a dit: Ce peuple m’honore des lèvres, Mais son cœur est éloigné de moi. C’est en vain qu’ils m’honorent, en enseignant des préceptes qui sont des commandements d’hommes. »

Matthieu 15:2-9

Même lorsque Dieu a instauré l’ancienne alliance, la miséricorde et la justice ont toujours été au centre, c’est l’essence de ses lois. Combien de fois, leur reprochent-ils la dureté de leur cœurs et les exhortent-ils par les prophètes à se repentir de cela…

Le regard de la grâce

Quand nous tombons dans le piège de se croire juste, nous oublions en quelque sorte d’où nous sortons. C’est-à-dire du même bourbier. La même boue nous recouvre si Dieu ne nous avait pas fait la grâce de son pardon. Veillons à ne pas l’oublier. C’est là que se trouve la semence de la compassion, de la miséricorde et de l’amour.

Lorsque j’arrive à regarder l’autre comme ayant droit à la même grâce par laquelle je deviens justifiée par Christ. Et que mon orgueil attristera grandement l’Esprit qui m’a été si généreusement donné.

Il m’aura fallu revisiter la boue pour le comprendre. Car j’oubliais que, je n’ai de force que par la grâce et que si elle m’est retirée à cause de mon orgueil alors je suis aussi méprisable que celui ou celle sur qui s’est levé mon nez.

Avoir l’amour, c’est apprendre à regarder l’autre avec les yeux qui m’ont regardé avec miséricorde. C’est faire des sacrifices non pour se sentir juste mais parce que le besoin de l’autre devient réellement important pour moi, car mon prochain est aussi un membre de mon propre corps, le corps de Christ pour lequel je vis maintenant.

Il y aurait encore beaucoup à dire mais je vais terminer en disant que sans l’amour point de puissance pour être vraiment libre. Car c’est de ne plus faire de cas de ma propre vie pour le besoin d’autrui qui est le moyen de briser le dernier lien qui me rattache à ma chair. C’est là l’objectif. Et c’est l’amour qui rend possible cette victoire.

«Mais par-dessus toutes ces choses revêtez-vous de l’amour qui est le lien de la perfection. »

Colossiens 3:14

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One thought on “Si je n’ai pas l’amour

  1. Pour faire une chose pour une personne, ce qui me motiverais devrait être l’amour. La bible dit que : Tout notre justice est comme un vêtement souillé. Puis il est dit que sans Jésus-Christ nous ne pourrons rien faire.
    Donc c’est important qu’on regarde l’autre comme nous même et c’est pas toujours facile.
    Mais c’est en le faisant que nous grandissons dans le Seigneur ! Amen.
    Amen et merci !

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